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ScaraB'obs est un projet de recherche du laboratoire Écologie des Systèmes Anthropisés (UPVM3 - CEFE). Il vise à lever les verrous scientifiques et sociétaux qui nous empêchent actuellement de préserver efficacement la biodiversité ordinaire et d’en évaluer objectivement l’état de conservation. Notre modèle d'étude est les Scarabaeoidea laparosticti ou "bousiers" des socio-écosystèmes pastoraux.

Pourquoi les bousiers ?

La disparition des espèces entraîne, au moins à court terme, celle des fonctionnalités écologiques auxquelles ces espèces participent. Le développement de l’humanité étant tributaire du fonctionnement des écosystèmes, la notion de service écosystémique2 est apparue pour caractériser cette dépendance et évaluer les conséquences de l’érosion de biodiversité pour les sociétés humaines. Malheureusement, si l’ampleur de la 6ème extinction fait l’objet d’un assez large consensus scientifique, ses conséquences « fonctionnelles » sont loin d’être correctement évaluées.

L’ordre des coléoptères rassemble environ 40% des espèces d’insectes (donc 30% des espèces animales). Cette diversité repose sur une diversification écologique extrême. Les coléoptères occupent tous les milieux où sont présents des insectes. Dans ces écosystèmes, ils ont souvent un rôle écologique majeur. Parfois, ils sont sans équivalent. Ainsi les coléoptères comptent-ils les seules espèces d’insectes exclusivement coprophages. Ces coléoptères coprophages, indispensables à l’élimination des déjections des mammifères terrestres, participent à l’intégration de la matière organique dans le sol donc à la fertilisation et à la bioturbation du sol, mais également au contrôle des parasites des mammifères et à la dispersion des graines. Ils constituent un groupe d’espèces clés de voûte.

Mais bien que ces insectes soient indispensables à l’activité pastorale, en France aucune de ces espèces ne bénéficie aujourd’hui d’une mesure de protection ou de gestion. Ceci est d’autant plus paradoxal que ces insectes sont directement exposés à la principale pollution associée à l’élevage extensif : la dissémination des résidus biocides des produits d’usage vétérinaire. Ces produits peuvent être des médicaments (antibiotiques, antiinflammatoires…), des antiparasitaires ou des insecticides. Ils sont plus ou moins métabolisés et leurs résidus sont dispersés dans les déjections du bétail où ils conservent leur toxicité pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines. Ces produits étant pour la plupart d’usage libre, aucune information n’est disponible sur l’intensité de leur utilisation. Or on peut suspecter qu’ils ont des impacts environnementaux très significatifs.

Les "bousiers" sont ainsi des alliés menacés et nous souhaitons soulever l’importance de ces espèces "ordinaires" pour promouvoir leur conservation.